“La ville danse” de SandBoxes Starlette

"La ville danse" de SandBoxes Starlette

Age : 26 ans,
Ville : Berchem-Sainte-Agathe
Son texte :

Au gré des lumières, la ville danse. J'ai toujours été plutôt citadine. La campagne m'effraie, avec son lot d'inconnus. J'ai toujours peur de m'engloutir dans une mangrove et de finir asphyxiée. Quelle terrible mort, avec celle de mourir brûlée. Je sais, j'ai des idées plutôt étranges. Un peu morbides, parfois. Je les laisse souvent ruisseler le long de mon esprit, avec l'impression qu'elles s'engouffrent dans mon corps et ne le lâchent plus. Je me sens alors vaciller, presqu'à vau-l'eau, Je sens s'abattre sur moi des ondées de chagrin, de tristesse et de solitude qui m'harassent. La ville éloigne quelque peu ces problèmes, en général. En ville, on ne se retrouve jamais seul. On entend toujours le bruit des voisins qui mettent la musique trop fort, les canalisations qui laissent passer un fluide, le marchand de fruits du dessous qui hurle pour vendre ces poires pourries, ou encore le clocher de l'église du coin. Cela limite terriblement les temps pour penser. Pour méditer sur sa condition, ou sur n'importe quoi au final. On peut réfléchir, mais nos pensées sont très vite arrêtées. On est toujours à moitié spitant, jamais vraiment endormi ni rêveur. On rêve de danses urbaines et de jeux d'échecs dans un parc. On imagine des nuits à chercher le plus haut point de vue de la ville. Des journées à lécher les vitrines comme un enfant accro aux Chupa Chups. Difficile d'imaginer des mirages avec des oasis quand le réel est là, sans perte de vue, car le panorama est limité. On ne s'abandonne pas, en ville. On ne s'invente pas. Il est difficile de se créer une nouvelle identité, là où en coexistent déjà tellement. Et pourtant, on aimerait s'imaginer comme la meilleure ballerine, ou le plus grand comédien. On souhaiterait rêver d'être et d'avoir toujours plus. Des ressources sans fin, et sans faim. On serait tellement nourris qu'on ne réclamerait plus jamais rien. Ce serait comme engloutir le monde, tout en étant englouti par lui. Mais au final, entre rêver de ça et se retrouver à la campagne, asphyxiée par une mangrove, ne se retrouve-t-on pas dans la même situation? La ville serait-elle donc finalement équivalente à la campagne? Comme si on ne pouvait être soi-même nulle part, comme si on ne pouvait plus rien créer, tant l'humain en a déjà fait, ne laissant la place à aucune sorte d'innovation de l'esprit? Peut-on encore avoir l'espoir d'être quelqu'un dans cette vie? Peut-on encore, tout simplement, rêver? A un avenir, à un monde meilleur, à une vie et une ville heureuses, dans lesquelles on pourrait danser sans fin, sans questions, en abandon? Abandon de soi, du regard des autres, et pourquoi pas même des autres? Plouf, oublier qui l'on est, oublier les contraintes et les obligations. Voir le monde autrement que pâle comme une aquarelle. Aspirer à des couleurs vives et des souvenirs vifs. En vouloir toujours plus, croquer la vie à pleines dents, mais toujours sans se faire mal. Être anesthésié de la souffrance. Mais en s'anesthésiant de la souffrance, ne se coupe-t-on pas du bonheur? Peut-il y avoir un yin sans un yang? Peut-il y avoir un côté pile sans revers de médaille? Peut-on continuer à croire qu'on sera un jour heureux, parce qu'on a connu des moments difficiles? En tout état de cause, nous ne pouvons que continuer à espérer que cela soit le cas. Et profiter de tout ce que la vie, à la ville ou à la campagne, nous apporte actuellement. Alors, si vous ne deviez retenir qu'une chose de ce texte : soyez heureux, et croquer la pomme ! Euh… la vie !

Le Défi

Contrainte :

Dis-moi dix mots

Titre :

La ville danse