Une île au loin

Parti pour revenir, arrivé là bas il s'était demandé si en reportant son voyage dans le temps, il voyageait déjà dans le temps.
En gros est-ce qu'il arrivait au bout de son ambition sans s'en rendre compte. Mais il fallait s'en rendre compte car il faisait partie de ces gens pour qui la conscience des choses, bah ça compte quand même.
La nui était claire mais les pensées s'embrouillaient et le voyage ne progressait pas à moins qu'il progresse de façon impalpable, à la façon de ces contes zen si agaçant.
Non, ça ne comptait pas, il pris le parti de l'assouvissement direct et immédiat de ses envies, en pleine conscience, enfin en pleine conscience mais dans la limite de sa conscience. Alors il désigna un homme au loin et se déclara son meilleur ami. Il se dirigea d'un pas alerte, dans la manière dont il aurait voulu être perçu par un quidam qui aurait eu du temps à perdre à l'observer, mais beaucoup moins assuré à l'intérieur du subdivisat de sa conscience.
Arrivé proche de l'homme désigné, son meilleur ami dorénavant, son pas se ralentit, presque malgré lui. Mais trop tard pour rebrousser chemin, les dommages pour sa vie future aurait été trop important, un simple voyage prospectif et imaginaire dans le temps permettait de le vérifier à coups sûr.
Une voix forte et assurée, une voix convaincante. "Alors Gilbert, quoi de neuf ?"
Gilbert, qui dans une autre vie s'appelait Alfred, tourna la tête. Depuis tout petit il avait appris à dire oui. Tout le temps, à tout le monde. Et sa résolution psychanalitique à dire enfin non était trop fraiche pour qu'il ne revienne à une réponse qui vint comme un réflexe.
"ça va super, et toi Moussa ?"
Yves accepta le Moussa.
Avait-il vu Casabianca, nul ne le sait mais les paroles restèrent longtemps gravés dans l'air suspendu de la nuit " C'est le début d'une grande amitié"
Et ils partirent bras dessus bras dessous sur l'air d'une comptine.